Pourquoi j'écris

J’écris pour réduire la distance qui me sépare de l’Autre. Plus exactement j’écris à l’Autre pour me rapprocher de moi-même. Étant bien conscient que cet Autre est aussi en moi. Il reflète une ou plusieurs facettes de moi-même, comme moi je fais résonner par mes écrits au moins une partie de lui.

Communiquer est un de mes besoins vitaux. Et lorsque mes interlocuteurs sont absents, je ne peux le satisfaire que par écrit. J’avoue que, compte tenu du contenu que j’exprime, j’ai une préférence pour ce genre de communication. On est soi-même souvent plus conscient de ce qu’on écrit que de ce qu’on dit. L’impact de ce qui est lu – qui peut être relu – est aussi plus important parfois que ce qui est simplement entendu.

J’écris pour laisser la Vie s’exprimer à travers moi. Lorsque j’ai la chance – que dis-je, le courage de me laisser porter par le flot qui me traverse, et que je ne cherche plus à le contrôler ou en infléchir le cours, il m’emmène au-delà de ce que je crois savoir et me révèle ce à quoi j’aspire.

J’écris pour dissiper le sentiment d’isolement du moi. Oui, lorsque mon identification à cette identité illusoire que j’appelle « le moi » dépasse un certain niveau, écrire m’aide à briser l’isolement qui en découle. Il n’y a pas meilleur moyen de sortir de soi-même que celui d’aller vers les autres.

J’écris pour découvrir de nouvelles altitudes de l’esprit et des profondeurs encore plus grandes du sentiment. La Vie est comparable à une mer immense qui recèle des richesses insoupçonnées. Nous baignons dans cette mer dont l’eau s’appelle conscience. Il suffit d’y plonger pour que de nouvelles découvertes soient faites. Écrire est une plongée qui permet à des vérités encore enfouies en moi de faire surface.

J’écris pour faire éclore des compréhensions qui bourgeonnent en moi, et préparer ma conscience à des accouchements le moins douloureux possibles.

J’écris parce que je suis le premier à avoir besoin de l’éclairage que je cherche à offrir aux autres.

J’écris pour simplifier ma perception du monde et de moi-même.

J’écris pour expérimenter la joie du don.

J’écris pour me sentir libre de dire ce qui ne peut être entendu en tout temps et en tout lieu, et pour être bien entendu, car de ce qui est dit verbalement, beaucoup n’est jamais entendu. La page blanche ne m’interrompt jamais de peur d’entendre ce qui la dérange.

J’écris parce que j’ai besoin de créer, et l’écriture est ma création préférée.

J’écris parce que j’ai besoin d’aimer et, en écrivant, je sens de l’amour qui coule à travers moi.

J’écris parce que je réponds à un besoin chez mes correspondants. Un besoin dont on me fait part souvent, que je devine parfois, mais que je révèle aussi d’autres fois. J’écris parce que cela fait du bien à qui me lit.

J’écris parce que le papier et plus souvent l’écran sont patients avec moi. Ils me laissent le temps d’accoucher de mes pensées.

J’écris parce qu’écrire est la meilleure thérapie que je connaisse, et la plus facilement accessible. Cette pratique me permet de transformer mes blessures en sagesse, mes questionnements en compréhensions, mes doutes en certitudes intérieures. Par l’écriture, je dialogue avec mes parts d’ombre et de lumière, je réconcilie mes contradictions et j’apprivoise mes peurs.

J’écris parce que parfois je ne peux m’empêcher d’écrire.

J’écris parce que la Vie a des choses à dire à travers moi qu’elle ne peut pas dire à travers d’autres de la même façon. Mais cela je ne le sais qu’après avoir écrit.

J’écris parce que cet acte me recentre et recharge mes énergies. Je sens de la plénitude lorsque j’ai fini d’écrire.

Les écrits accompagnent la personne dans sa solitude, et j’aime être de bonne compagnie.